Conversation avec Larissa PAULUIS

Varia 04/12/2019
Laura PAULUIS (Photos © MéganeF -photography )
Laura PAULUIS (Photos © MéganeF -photography )

Est-il encore nécessaire de présenter l’étalon approuvé à la monte par le SBS FIRST-STEP VALENTIN (°2012 - Vitalis/Fidermark) et sa cavalière Larissa PAULUIS aux passionnés d’élevage ? De leur rappeler que Valentin est né en Allemagne, pays de l’élevage des chevaux de dressage par excellence, où il a été inscrit au studbook westphalien ? Que très jeune, il a attiré à distance l’attention de notre compatriote qui parvient à l’acquérir avec l’aide de son entraîneur malgré les prix souvent exorbitants atteints Outre-Rhin lors des ventes publiques de jeunes chevaux de dressage ? Que le coup de foudre entre la cavalière et sa future monture a été immédiat dès l’arrivée du bel alezan dans le Brabant-Wallon ? Et qu’ensemble, ils ont écumé les compétitions de dressage pour jeunes chevaux jusqu’à signer deux Top 10 à 5 et 7 ans aux championnats du monde des jeunes chevaux de dressage en 2017 et 2019.  Un niveau de performances et une qualité génétique qui justifient amplement la prometteuse carrière de reproducteur entamée en 2017.

D’ambitieux projets d’avenir

Aujourd’hui, à l’aube de ses 8 ans, l’étalon alezan se prépare à franchir un nouveau cap et à aborder les épreuves du grand tour avec en point de mire, explique sa cavalière, les jeux olympiques de 2024 à Paris. Le programme est ambitieux, l’échéance encore éloignée mais l’objectif réaliste si l’on en croit Larissa PAULUIS totalement convaincue du potentiel de sa monture de tête.
Malheureusement en Belgique, cette notoriété naissante a encore un peu de mal à dépasser le petit cercle des afficionados du dressage. Pourtant Larissa PAULUIS excelle à partager son expérience, à décrire son quotidien et à évoquer ses objectifs avec verve et humour mais aussi lucidité comme elle l’a fait récemment pour les convives de la « Table des Cavaliers », des amateurs de chevaux, toutes disciplines confondues, avides de confronter leur ressenti avec des hommes et femmes de chevaux expérimentés.

Un quotidien de femme-orchestre

Larissa PAULUIS est revenue sur ses débuts précoces, sur les poneys talentueux qu’elle a eu l’occasion de monter, sur sa formation en Allemagne et puis bien sûr sur ses activités actuelles puisqu’elle partage son temps entre la compétition sportive et la préparation des chevaux qui va avec, l’enseignement, la gestion d’une écurie privée comptant une quarantaine de boxes, ainsi qu’un peu de commerce, «un mal nécessaire car si cela ne tenait qu’à moi, aucun de mes chevaux ne quitterait la maison», commente-t-elle avant d’attirer l’attention sur le fait que la dotation des concours de dressage ne permet pas actuellement aux cavaliers professionnels de vivre de cette activité, et de constater que le sponsoring dans notre pays confine au mécénat. Un état de fait qui oblige souvent les cavaliers à se séparer de chevaux talentueux qu’il leur arrive de retrouver en CDI sous selle étrangère. « Mais tant qu’à vendre un cheval, je préfère qu’il aboutisse dans une écurie où il pourra exprimer son talent que chez un cavalier de loisir qui se contentera de le monter pour le plaisir et ne le valorisera pas », constate-t-elle avec philosophie. 

La place de l’élevage

A ces différentes activités s’ajoute la reproduction, une évidence lorsque, comme Larissa PAULUIS, on héberge dans ses écuries deux étalons approuvés à la monte par le SBS, en l’occurrence FIRST-STEP VALENTIN et KHEOPS D’HATOR (°2015 - Glock’s Toto Jr/Amsterdam), même si le suivi technique en est confié à l’Equine Research Center De Morette, un spécialiste en la matière, et même si la cavalière limite actuellement le nombre des naissances au sein de son propre élevage pour des raisons économiques. Elle précise cependant : « Je conserve tout de même deux ou trois produits de nos étalons car il me semble fondamental de pouvoir montrer à la clientèle comment ils reproduisent ».  En attendant peut-être d’entamer à leur tour une brillante carrière sportive. 

Une opportunité pour l’élevage belge

Mais les choses sont peut-être sur le point de changer. Une récente modification dans le règlement du championnat du monde des jeunes chevaux de dressage liera en effet à partir de 2022 nationalité des cavaliers et lieu des naissance des chevaux. Une déconvenue pour ceux qui préparent depuis de longs mois de jeunes chevaux nés à l’étranger, mais une opportunité exceptionnelle pour les éleveurs et les studbooks belges qui ne comptent pas encore parmi les leaders de la discipline mais possèdent toute l’expertise nécessaire. L’appel est lancé.

Catherine Aerts
Photos © MéganeF -photography